Romarin Billong : « L’indépendance, la compétence et la disponibilité »

Ancien footballeur international camerounais, Romarin Billong s’est ensuite reconverti dans la finance à la fin de sa carrière au début des années 2000. Aujourd’hui président de sa société qu’il a lui-même crée il y a quelques années, il n’en reste pas moins pour autant un spectateur attentif de l’actualité du sport et notamment du football qu’il suit avec attention. Un échange passionnant.

®cacpture d'écran Sportnbiz

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« Pour ceux qui ne vous connaissent pas, une présentation s’impose…

Oui, alors Romarin Billong, j’ai 44 ans. J’ai été footballeur professionnel pendant 12 ans entre 1990 et 2002. Ensuite je me suis reconverti dans la finance, tout d’abord en tant que banquier privé au sein d’une grande banque française. Et depuis 2011 j’ai créé ma propre entreprise de gestion de patrimoine. Aujourd’hui je suis donc chef d’entreprise.

Concernant votre carrière, quel est votre plus grand souvenir ?

J’ai beaucoup de grands souvenirs donc c’est difficile de les hiérarchiser. Mais j’ai tout de même le souvenir d’un match joué au Zimbabwe pour se qualifier pour la Coupe Du Monde 1998 en France qui était extraordinaire (N.B : victoire 2-1 du Cameroun) mais également d’un match amical dans l’ancien Wembley contre les anglais qui était chargé d’émotion. Et puis avec les clubs, avec Lyon, avec Saint-Etienne j’ai des souvenirs impérissables.

Ce n’est pas un peu spécial d’avoir joué à la fois pour Saint-Etienne et Lyon qui sont extrêmement rivaux ?

C’est un peu spécial pour les supporters. En tant que joueur je dis toujours la même chose en précisant que je suis lyonnais, un vrai lyonnais. Je suis arrivé à l’âge d’un an en France et à Lyon. Donc quand je suis allé à Saint-Etienne j’ai tout de suite mis les choses au clair en disant que j’étais un vrai Gone et ça ne changera pas, que j’allais mouiller le maillot, faire mon job … Mais je n’en resterai pas moins un Lyonnais le jour où je partirai de chez les Verts. En fin de compte, ça ne pose aucun problème à partir du moment où vous êtes clair avec les supporters. D’ailleurs, aujourd’hui je suis très bien accueilli à Saint-Etienne où j’avais même été capitaine à quelques reprises. Le plus important est d’être honnête et clair avec les supporters.

A la fin de votre carrière, pour vous citer, vous avez commencé à « traiter des problématiques patrimoniales relatives aux chefs d’entreprises, familles fortunées et aux sportifs/artistes de haut niveau. » Pour quelles raisons ?

Tout simplement parce que ça correspondait à ma spécialisation. C’est-à-dire que pendant ma carrière, ici au début, comme beaucoup de joueurs j’ai commencé par un sport études au collège puis au lycée. Ensuite j’ai poursuivi après le bac avec le statut de sportif de haut niveau à la fac. Et donc j’ai obtenu alors que je jouais en pro les 3 premières années ce qu’on appelle aujourd’hui un Master 2, à l’époque un DESS (N.B : Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées). Et l’idée c’est que quand j’ai arrêté ma carrière j’ai fait une année à l’ESCP Europe, à SUP de Co Paris où je me suis justement spécialisé en gestion de fortunes.

Et d’où vous vient cette envie de faire tout ceci ? Serait-ce par rapport à une expérience personnelle ?

Ce devait être en 1991 ou 1992, j’ai acheté à titre personnel une action comme ça pour découvrir. A l’époque c’était en franc. Et puis je suivais ça d’autant plus que je connaissais toutes les théories économiques même si ici cela correspondait principalement à de la finance de marché, analyser une société, le marché etc… Et ça m’a plu ! Du coup je me suis dit que plus tard je me spécialiserai là-dedans.

Dans la lignée de tout ça, en 2011 vous avez créé votre société, la « Financière Dioclès ». Dans quel but ?

L’objectif était de travailler de la meilleur manière possible, de traiter les mêmes problématiques que je traitais auparavant dans la banque, mais de manière différente cette fois ci. Quand on travaille dans une banque, on « appartient » à une entité précise, on défend avant tout les intérêts de la banque, puis ceux des clients. Et pour moi il y avait parfois une divergence d’intérêts entre le client et la banque. Donc en créant ma propre entreprise et en essayant d’aligner mes intérêts sur ceux des clients ça m’a permis d’être en phase avec moi-même, avec ma philosophie de la gestion de patrimoine et de fortune. L’idée est vraiment de travailler de manière indépendante avec le client, dans son intérêt, de faire des choses personnalisées. Et non pas de façon industrielle si je puis dire comme les banques le font souvent.

En quelque sorte, vous voulez principalement construire une relation de confiance, une relation humaine avec vos clients, et pas seulement professionnelle…

Voilà c’est l’idée. Souvent quand vous travaillez dans une banque vous changez de poste une fois tous les 2, 3, 5 ans. Alors que moi quand je crée mon entreprise c’est pour être présent dans les 20-30 prochaines années. On va créer du lien, de l’humain, on va s’occuper des problématiques. Aujourd’hui on va s’occuper d’un joueur de foot, demain on s’occupera de son épouse, de ses enfants. On fera le lien avec des collaborateurs en étant présent. Il y aura une permanence dans la gestion humaine mais également économique et fiscale de son dossier.

Une relation de confiance et de long terme…

Exactement.

Quels conseils donneriez-vous à un sportif de haut niveau, par exemple un footballeur gagnant beaucoup d’argent et qui souhaiterait en placer une partie pour assurer son avenir ?

Le premier conseil que je donnerai c’est d’être suivi. J’estime d’ailleurs qu’il est préférable d’être suivi par quelqu’un d’indépendant plutôt que par quelqu’un qui ne l’est pas. Il faut que ce suivi amène une discipline parce que souvent on en note l’absence. Une discipline pour payer ses impôts, mettre de l’argent de côté, pour se créer du patrimoine, pour gérer son budget au quotidien. Donc premièrement, être suivi, deuxièmement, être discipliné. Et enfin être ouvert. Ne pas simplement subir le conseil mais essayer de le comprendre et d’être ouvert à ce conseil.

Donc pour résumer, l’indépendance, la compétence et la disponibilité et surtout l’idée de faire en sorte que le client soit impliqué dans ce processus de gestion. Ce qui est une excellente façon d’éviter de se faire abuser.

Vous conseillez des sportifs de haut niveau ?

Oui, principalement des footballeurs internationaux, français ou pas, dont je n’ai pas le droit de divulguer le nom.

A terme, quels sont les objectifs de votre entreprise ?

A terme, l’objectif est de grossir à taille humaine. On ne souhaite pas avoir énormément de clients, bien au contraire étant donné que gérer un client demande beaucoup de temps. Donc grossir raisonnablement à taille humaine et être là pour longtemps puisque cela signifiera que l’on a très bien fait notre travail. » Propos recueillis par Nicolas LECOMPTE-BOINET

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