Stéphane Bitton : « On naît journaliste »

Il faut croire qu’on nait également professeur, consultant, animateur, directeur d’école et même prothésiste dentaire ! À écouter Stéphane Bitton, journaliste de 54 ans et ancien patron de lequipe.fr, il n’est de limite à l’accomplissement que la volonté. Cet entretien n’est en aucun cas cependant une sorte de bilan professionnel. Plutôt une escale, à mi-parcours. 

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Stéphane Bitton est né le 25 septembre 1960 à Boulogne-Billancourt dans les Hauts-de-Seines. Ce jour-là, le journal l’Equipe titrait « La double tâche du 11 de France ». Cette expression « double tâche » s’avérera pertinente durant le demi-siècle qui suit au regard du parcours de ce passionné de sport, entre autres, qui ne s’est jamais contenté de la voie sur laquelle il était engagé. « Tu es un manuel » lui a-t-on d’abord expliqué. A tel point que, consciencieux, il s’est engagé vers un baccalauréat scientifique bien que dès 7 ans, il annonçait:  » Je veux être journaliste à l’Equipe ! » .  Disons que le Lycée n’a pas été un réel facteur d’épanouissement pour le jeune homme, effaré de voir ses camarades tracer des courbes de fonction dans la purée à la pause déjeuner.  Qualifié de parasite dans son bulletin de terminal, il obtient malgré tout son diplôme dans une « boîte à bac » en passant quotidiennement, en s’y rendant, devant les locaux du quotidien sportif dont il rêvait depuis déjà longtemps.

Il en rêvera encore un bon moment, car après trois ans à l’école de prothèse dentaire de Saint-Hyppolyte, Stéphane Bitton réalise son premier objectif. Il exerce ainsi pendant dix-huit ans, en collaboration avec un membre de sa famille avec qui il avait étudié dans ce but. Prothésiste confirmé et prospère, il est cependant très éloigné de ce rêve d’enfant qui constitue, chez chacun de nous, un idéal de réussite. À 32 ans, il n’est évidemment pas trop tard. Mais le passage de manuel à intellectuel, comme il le décrit, ne se fait pas du jour au lendemain. Il s’initie finalement après avoir frappé à la porte du magazine Onze Mondial chez qui la passion et l’investissement du journaliste autodidacte ont comblé l’absence de formation et d’expérience. La culture sportive et la connaissance  du sport, elles, sont bien là. Elles ont été acquises durant de longues heures d’enrichissement, aux toilettes ! « Depuis que je sais lire, je ne vais jamais aux toilettes sans journaux de sport, j’y ai passé les trois quarts de ma vie ! » confesse-t-il en riant.

Un nouveau départ

Stéphane Bitton est alors lancé dans une nouvelle trajectoire professionnelle qu’il ne quittera plus. La première fois qu’il participe à la vie en rédaction, c’est une révélation, le coup de chaud enduré avant le bouclage devient une addiction. Le jeune journaliste est déjà le plus heureux du monde quand il voit pour la première fois son nom mentionné dans l’ours du magazine. Sa carrière dans le milieu ne fait pourtant que commencer. Après avoir été contacté par Eugène Saccomano pour écrire neuf « Mémo foot », il réalise la partie éditoriale des albums Panini avant d’obtenir en 1997 le poste dont il rêvait depuis 30 ans à l’Equipe. Nommé rédacteur en chef du site web en 2003 et pendant 9 ans, Stéphane Bitton s’accomplit dans une aventure qui le fascine: « Manager une équipe de journalistes tous radicalement différents et les emmener vers un même projet pour finalement devenir le site média numéro un en France a été quelque chose de fabuleux. »

Alors que nous sommes en pleine discussion, son téléphone sonne et au bout du fil, c’est Vincent Régnier, directeur du site de l’Equipe qui lui avait donné le poste à l’époque. Coïncidence qui l’interrompt quelques instants, souriant et pensif.

C’est en tant que rédacteur en chef de l’Equipe.fr que Stéphane Bitton est contacté en 2010 par L’Institut européen de journalisme où il enseigne depuis: « Ce sont de purs moments bonheur, être prof a complètement  relancé ma vie professionnelle » explique-t-il. Son contact avec les élèves lui permet de constater l’évolution du métier. Il dirige d’ailleurs depuis un an et demi maintenant l’école Supdeweb. Occasion pour lui de s’engager dans une nouvelle aventure puisqu’après avoir quitté l’Equipe en 2012, celui qui y était surnommé « touche pas à mon web » embauche les 6 majors de promo pour monter son site foot123.fr. S’il a toujours poursuivi ses rêves, et en a exaucé pas mal par la même occasion, Stephane Bitton n’est pas rassasié pour autant, loin de là. Une émission de radio tous les soirs pour accueillir pendant 2h des personnalités et les interroger sur tout, sauf leur domaine, constitue par exemple une prochaine tâche à accomplir. Ou encore apprendre à jouer du saxophone en tant que grand passionné de Jazz. L’idée d’écrire une autobiographie commence même à murir dans l’esprit de ce rêveur compulsif : « Ce serait un hymne à la jeunesse pour les inciter à croire en eux, à ne jamais lâcher. » S’il devait transmettre un seul message à ces élèves, ce serait celui-là : « Beaucoup d’étudiants déplorent leur manque de confiance en eux ou s’inquiètent, à 22 ans, d’avoir déjà pris du retard, mais il faut bien qu’ils comprennent que ça n’est absolument pas le cas ! » avant d’admettre: « Tous les matins je pense à mon prof de philo qui me voyait finir clodo… »

Pour terminer, Stéphane Bitton dévoile son onze de légendes du football qui, par définition, réunit d’immenses champions dans un 4-3-3 classique: Beckenbauer, Maldini, Zidane et Cruyff, son idole de toujours, entre autre. « Attendez ! » interrompt-il « Je ne peux pas ne pas mettre Maradonna ! J’enlève un défenseur. » À l’image de ce choix tactique, Stephane Bitton est un homme qui a toujours pris des risques pour tenter d’aller de l’avant, à la conquête de ses objectifs. Jusqu’à maintenant, la recette semble avoir plutôt fonctionné.

John Barrot

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