RB Leipzig : un club dopé à la boisson énergisante

Depuis plus d’un siècle, Leipzig vit au rythme du football. Ville la plus peuplée de Saxe, à l’Est de l’Allemagne, elle a été le premier champion de l’Histoire du foot allemand en 1903 avec le club du VFB. Cependant, depuis une vingtaine d’années, Leipzig se morfond dans les méandres des divisions inférieures. Depuis 2009, la firme autrichienne Red Bull nourrit pourtant l’espoir d’une reconquête controversée à coup de financements illimités. Entre la passion traditionnelle d’une ville pour son équipe et le football business moderne mis en exergue, à Leipzig, c’est toutes les contradictions du sport le plus populaire du monde qui s’entrechoquent.

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Il faut bien admettre que le charme de l’Oberliga, 5eme division allemande, est difficilement perceptible en dehors des départements qui y prennent part. Sauf quand on dirige une multinationale connue du monde entier grâce à une communication gérée d’une main de maître et qu’on recherche un filon lucratif. C’est le cas de la célèbrissime marque de boissons énergétiques autrichienne, Red Bull. En 2009, elle cherche à s’approprier un troisième club de foot, encouragée par la couverture publicitaire que lui ont assuré les deux premiers. Après New-York et Salzbourg, Red Bull choisit donc à Leipzig l’association sportive SSV Markranstädt qui lui offre certains avantages. Il s’agit premièrement d’un club historique, en Allemagne tout du moins, grâce à son succès d’antan. Il jouit donc d’un soutien populaire important dans une ville de 500 000 habitants, comme autant de futurs abonnés dépensiers potentiels. De plus la situation géographique même du club est intéressante, le championnat d’Allemagne étant depuis quelques saisons le seul championnat européen à rivaliser avec la Premier League anglaise en terme d’attractivité. On ne marque autant de but dans aucun autre championnat européen et la récente Coupe du Monde a permis d’encrer une domination du pays d’outre-Rhin sur le monde du foot. Atteindre ce niveau constitue donc un objectif attrayant. Dernier avantage, le Zentralstadion (stade central) qui a été construit pour le Mondial allemand de 2006 est flambant neuf. Avec une capacité de 45 000 places il n’a absolument rien à envier aux plus belles enceintes françaises par exemple. Son acquisition n’est qu’une formalité pour les nouveaux propriétaires du club qui signent un contrat faramineux en 2010 et obtiennent les droits pour 30 ans.

LEIPZIG PEUT ALORS PRENDRE SON ENVOL

Si Red Bull donne des ailes, il ne permet pas encore la téléportation. Il faudra donc commencer en bas de l’échelle. Avant cela, le brutal « SSV Markranstädt » s’offre une appellation plus classique, et commerciale bien sûr. Le club est renommé RB Leipzig. A défaut de pouvoir l’intituler explicitement « Red Bull Leipzig » puisque la législation allemande interdit le naming, l’appellation officielle devient donc le  « RaseballSport Leipzig » comme pour légitimer l’abréviation « RB » autrement plus équivoque.

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La première année de l’équipe est un succès, elle accède facilement à la 4e division et s’offre même le luxe d’éliminer le VFL Wolfsbourg en coupe d’Allemagne bien qu’il vienne de première division. Le RB Leipzig patauge ensuite quelques années avant d’obtenir son ticket pour la division 3 en 2013 après une saison sans la moindre défaite. Sur son élan, le club saxon est promu l’année suivante en division 2 dans laquelle il joue actuellement sa place dans l’élite.

L’objectif est donc à portée de main et les quelques centaines de millions d’euros déjà investis dans l’aventure pourraient bien en amener beaucoup d’autres en cas de promotion en Bundesliga. L’ambition affichée est de se faire une place parmi les grands dont certains n’ont d’ailleurs pas attendu l’exemple Lipsien pour disposer de moyens conséquents. Le Bayer Leverkusen ou le VFL Woflsbourg appartiennent par exemple respectivement aux géants pharmaceutiques et automobile Bayer et Volkswagen. Officiellement, Red Bull ne possède que 49% des parts dun RB Leipzig. Notons tous de même que l’ « entreprise à but non lucratif » qui détient les 51% restant est composée exclusivement d’employés de la marque autrichienne…

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Il faut malgré tout nuancer l’expansion prometteuse de ce « nouveau futur grand » d’Allemagne. Son succès est loin de faire l’unanimité, et cela, au sein même de ses supporters. Certains ne voient pas d’un bon oeil la stratégie marketing vampirisante adoptée. Il faut préciser dans ce cadre que les responsables du football allemand sont parmi les plus virulents défenseurs du fair-play financier. Ils s’opposent donc régulièrement de manière frontale aux méthodes appliquées au PSG ou à Manchester City par exemple, où l’investissement astronomique de nouveaux propriétaires viendraient fausser la juste concurrence. Force est de constater que leurs propos viendraient également se heurter à l’exemple du RB Leipzig. D’un autre point de vue, l’accès à la première division du club concrétiserait la première montée à ce niveau d’une équipe issue de l’ex RDA depuis la rétrogradation de l’Energie Cottbus.

Quoi qu’il en soit, l’objectif bien que visible n’est pas encore atteint. L’actuelle 7e place au classement, à 8 journées de la fin, ne permet cependant pas de croire en une promotion prochaine. Les dernières années nous ont malgré tout montré qu’à Leipzig, on se donne les moyens de concrétiser ses intentions.

John BARROT

Dernier match du RB Leipzig: victoire 3-2 contre l’Union berlin

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