Jérôme Rothen : « Devenir une référence en tant qu’entraineur »

De Caen à Bastia en passant par Monaco et Paris, Jérôme Rothen m’a livré ses ressentis sur sa carrière de joueur de football et de peut-être futur entraineur au cours d’une interview sans concessions.

6114285564_56a44626ce_o

©CC/LoveSportingClubdeBastia

« Vous avez fait une longue carrière de footballeur, quel est votre plus beau souvenir ? 

L’épopée en Ligue des Champions avec l’AS Monaco, surtout la finale en 2004 parce que je pense que pour un joueur professionnel c’est le plus haut niveau, tu ne peux pas aller plus haut que la Champions League.

Pourquoi avoir choisi les Glasgow Rangers ? Etiez-vous contraint de quitter le PSG pour continuer d’évoluer au haut niveau et éviter la CFA ou était-ce simplement un choix personnel ? 

C’était un choix personnel. J’ai décidé de partir de Paris parce que j’étais en désaccord avec les dirigeants même si Antoine Kombouaré  (l’entraineur de l’époque) voulait absolument me garder, pour moi c’était clair que ce n’était pas possible. J’avais l’intention de quitter le PSG mais le club ne voulait pas alors il m’a mit des bâtons dans les roues. Je devais signer à Schalke 04 mais les dirigeants ont refusé l’offre de transfert. Lors du dernier jour du mercato, Glasgow Rangers me fait une proposition de transfert et étant donné que le club disputait la ligue des champions et que Paris ne la faisait pas j’ai décidé de partir là-bas.

Justement, quelles relations entreteniez-vous avec Antoine Kombouaré ? 

C’est un vrai compétiteur, un vrai amoureux du Paris Saint Germain, c’est ce qui nous liait. Après c’est quelqu’un qui a ses idées, qui ne ressort pas forcément du cadre du football. On a eu une relation un peu spéciale puisqu’il voulait me faire jouer au moment où j’étais en froid avec mes dirigeants et que je refusais de jouer, donc forcément ça a été un peu tendu sur la fin mais il a fini par respecter mon choix. C’est quelqu’un de droit, dans le foot il y a tellement de personnes qui te disent un jour blanc et un autre jour noir. Lui il a tenu le même discours avec moi tout au long de notre relation. Cette période de fin au PSG n’était pas facile pour moi, la relation aurait pu être meilleure si on avait évolué ensemble mais ça n’a pas été le cas.

Que retenez-vous de votre passage en Super Lig et en Scottish Football League ? 

C’est un football complètement différent de celui qu’on a en France parce que là-bas on pratique un jeu direct basé sur beaucoup de duels, ça c’est les aspects technico-tactiques. Après il ne faut pas oublier ce qu’il y a autour. Il y a une vraie passion dans ces pays là, du moins au Royaume-Uni, que ce soit en Angleterre ou en Ecosse. Ils vivent pour le foot. J’ai vécu des ambiances extraordinaires, le derby Celtics-Rangers c’est quelque chose de fabuleux là-bas où tu as 60-70 000 personnes qui chantent comme des acharnés. Toutes ces ambiances là, il n’y a que là-bas que j’aurais pu les vivre. Quand on voit les supporters qui nous accompagnaient sur les longs déplacements en Champions League, ils hésitaient pas à se débrouiller pour traverser la Manche pour avoir le privilège de nous voir jouer et de nous encourager. Cette passion tu ne la ressens qu’au Royaume-Uni et je crois que tu ne la retrouves dans aucun autre pays en Europe.

Etait-ce important pour vous de finir votre carrière dans votre club formateur (vous n’avez disputé que 8 matchs lors de votre dernière saison à Caen) ? Est-ce que c’était quelque chose que vous deviez faire obligatoirement ?

Non je ne voulais pas forcément le faire, j’en ai eu l’opportunité parce que quand j’ai signé à Bastia c’était vraiment un dernier challenge que j’ai réussi à relever parce qu’on a fini champion de Ligue 2. J’ai fini meilleur joueur de ligue 2, à 34 ans c’était pas facile. J’ai fait une année en ligue 1 où on s’est largement maintenu, on a fait de bons matchs et moi pareil je sors d’une bonne saison, et à ce moment là, la question c’était : soit je continue à Bastia et je vais au bout de mon contrat ou soit je reviens vers Paris pour être plus proche de mes enfants, ce que j’ai fait. Mais je ne voulais pas arrêter pour autant, j’avais un dernier challenge à relever selon moi, j’ai eu plusieurs propositions mais le Stade Malherbe de Caen me donnait cette opportunité là, de vivre quelques jours de la semaine sur Paris et de continuer d’évoluer au haut niveau. Il y avait un challenge intéressant à Caen, le défi de remonter dans l’élite me stimulait et vu que c’est mon club formateur c’était un petit clin d’oeil, une façon de les remercier, de boucler la boucle. Je l’ai commencé à Caen et je la termine là-bas. En revanche j’aurais aimé qu’en interne le discours des dirigeants tiennent jusqu’au bout et c’est pour ça que je n’ai fait que 8 matchs il y’en a eu quelques bons mais pour autant j’aurais voulu finir l’année, malheureusement le discours n’était plus le même et vu que je suis un homme de parole, j’aime que les choses soient claires et nettes. Ce n’était pas le cas alors j’ai décidé d’arrêter.

Vous comptez 13 sélections en équipe de France étalées de 2003 à 2007, quels souvenirs et anecdotes gardez-vous en tête ?

Je garde beaucoup de souvenirs forcément. Quand tu portes le maillot de ton pays c’est vraiment l’aboutissement d’une carrière professionnelle et ça veut surtout dire que je faisais parti des 23 ou 30 meilleurs joueurs français de l’époque. J’ai commencé avec la période des champions du monde et d’Europe avec comme effigie Zinedine Zidane, donc pour moi c’est plein de super souvenirs et une fierté d’avoir représenté mes couleurs. Après j’aurais aimé remporter plus de titres avec l’équipe de France, j’ai gagné la coupe des confédérations en 2003 mais remporter un Euro ou une coupe du monde aurait vraiment embellit ma carrière. On a failli le faire malheureusement ça ne s’est pas fait, le petit regret est là. Après quand tu as le maillot des Bleus sur tes épaules tu ne peux rien regretter parce que c’est déjà extraordinaire de le porter.

Vous étiez présent lors des débuts en équipe de France de joueurs comme Nasri. Que pouvez-vous me dire sur l’échauffourée entre lui et Thierry Henry dans le bus et sur l’atmosphère globale à cette époque ? 

Quand Raymond Domenech a pris la tête de la sélection après Jacques Santini, il a essayé de révolutionner et de changer l’ambiance et l’atmosphère du groupe bleu. Il a viré tout le staff technique, tout le staff médical pour mettre son staff à lui. C’est vrai qu’il y avait beaucoup de joueurs qui ont perdu leurs repères, les « anciens » joueurs. C’est pour ça que beaucoup d’entre eux avaient décidé d’arrêter et donc là tu as une nouvelle génération qui arrive, ce qui est normal. On se fait vieux alors les jeunes prennent la relève. C’est vrai que cette génération là est arrivé un peu trop confiante et trop à son aise. On parle alors de respect des anciens et de ce qui se passe dans un groupe et on est forcé de constater que ça existait moins à cette période là. Forcément, ça mène à des décalages dans les discours avec Nasri et l’histoire du bus, il prend la place de Thierry (Henry)  et montre bien son intention de la garder, ça a été le cas avec d’autres joueurs aussi. Moi je me situais entre ces deux générations, j’étais là depuis un certain temps je les ai vu arriver mais c’est vrai que nous, lors de nos premiers pas en Equipe de France, on n’avait pas la même attitude. Il y avait plus de respect et il fallait monter crescendo. Eux ils ont cru que le fait d’arriver en Equipe de France faisaient d’eux des grands. C’est l’expérience et les titres qui font de toi un grand.

J’ai compris qu’en ce moment vous suivez une formation pour devenir entraîneur. Est-ce un désir qui date de votre carrière de footballeur ou tout simplement une façon de refouler les terrains ?

Un peu les deux. Moi je suis un vrai passionné de foot, je l’ai toujours été, du premier jour où j’ai commencé ma carrière jusqu’à aujourd’hui. Je regarde beaucoup le football, c’est pour cela que je travaille dans les médias pour rester assez proche du jeu qui évolue d’années en années. Mes années à Bastia m’ont fait prendre conscience que j’avais peut-être la fibre pour devenir entraineur, et pour cela je dois passer mes diplômes. J’ai commencé ça au début de l’année ça me plait de plus en plus. C’est venu crescendo sur les 2 dernières années, là je me donne à fond et j’espère bien y arriver pour devenir un jour une référence en tant qu’entraîneur. De toutes façons, c’est mon but. » Propos recueillis par Thomas BOURSEAU

Laisser un commentaire